dimanche 5 avril 2015

[inspi' Feel It All - Tokio Hotel] Sous les stroboscopes - Journal intime d'une ex accro à la drogue.

Sous les stroboscopes, tu te souviens ? Nous ressentions tout, tous les bruits autour de nous, tous ces cris, tous ces rires effrénés, ces âmes perdues et ces corps déchaînés. Parmi la foule de cette boite de nuit, il y avait nous, ces deux êtres au sang déchaîné, nos globules en perpétuels mouvements frénétiques. Nous, seul contre le monde, les sens aux éveils, à ressentir les choses de manières plus fortes, plus intenses. Toi et moi ne formions qu'un, unis dans une unique et même addiction. La plus forte des addictions, celle dont on ne guérit jamais. Celle qui devient notre unique priorité. Celle qui nous fait perdre tout raisonnement. Nous avions brisé les règles que nous nous étions fixé, nous avions brisé les lois qui nous dirigées, nous avions brisé nos destins si prometteurs, tout cela pour une dépendance à de la poudre blanche.

Tu te souviens de la toute première fois. Cette musique intense, l'alcool dans nos veines, nos pas titubants, la promesse de ne jamais recommencer. Et au lieu de cela, nous sommes allé plus loin, nous avons chuté et le diable lui-même a préféré prendre sa retraite. Sous les stroboscopes, nous sommes montés dans les cieux. Aujourd'hui Newton peut ravaler sa pomme. Nous volons, divaguons, flottons et naviguons dans des eaux troublées. L'attraction n'est plus terrestre, elle est céleste. Marie-Jeanne était bien trop sage et ces grands sourires jaunes² n'étaient eux-mêmes pas assez forts pour nous rendre heureux. Nous avions donc suivis les rails du train qui mène au paradis. Lucifer, encore, est le gardien de ce lieu si précieux à nos yeux.

Aujourd’hui encore, alors qu’un nouveau jour se lève, je ressens toutes ces choses, tellement de choses : la lumière intense du soleil levant et la noirceur de mon âme, la puanteur des cendres froides et le parfum exquis de notre trop sage Marie-Jeanne¹. Le froid du vent d’hiver s’engouffrant par le carreau cassé de la fenêtre et la chaleur de l’alcool dans mon sang.

Te souviens-tu de nos envies d’évasion qui ne demandaient qu’à reprendre le train vers un nouvel horizon ? Enchaînant rails sur rails, nous nous éloignons à vitesse grand « V » de la réalité. Ces paysages étaient tellement plaisants. Tes yeux semblaient tellement bleus, ton amour semblait tellement vrai. C’est à ce moment-là que tu m’as demandé « Et si nous partions de là ? Tu voyais cette lumière intense au bout du tunnel. Tu me la décrivais, elle semblait magnifique. Tu me racontais le bonheur que te procurer sa chaleur intense qui envahissait ton corps. Moi je ne voyais rien, ne ressentait rien, seulement le vague reflet de la lune sur des flaques de pisses. C’est alors que tu as avalé un nouveau sourire et rejoins ton mirage en courant. Absorbé par cette lumière, tu ne t’es rendu compte de rien. Notre monde s’écroulant pourtant en cet instant.

Sous les stroboscopes je me souviens encore. De ton sourire grimaçant un smiley sur la langue, de tes yeux bleus et de leurs pupilles dilatées. Je me souviens de l’odeur de tes cheveux imprégnés de l’odeur de la cigarette et de la marijuana. Je me souviens de tes baisers au goût de la vodka. Je me souviens de ton corps squelettiques et de tes bras tachetés de violet. Je me souviens de ton nez blanchit par la poudre. Je me souviens de ta démarche titubante, je me souviens de mon amour me poussant à monter dans ce train avec toi.

Ce soir-là, nous avons atterri dans un nouveau monde. Un monde avec beaucoup d’agitation, de cris désespérés, d’ordres aboyés. De gyrophares rouges et bleus perturbant ma vision à travers la pénombre profonde. Ce soir-là, je te vis avoir des compulsions sur le sol en recrachant ta salive. Pourrais-tu t’en souvenir ? Six pieds sous terre ? Je ne pense pas.

Au moment précis de ta disparition vers cet autre monde, je te jalousais de ne pas avoir vu cette lumière si belle moi-aussi. Puis cette jalousie disparut. N’avais-tu donc pas vu que cette lumière n’était que le reflet de flammes sur la lame d’une faux ? Doublement stupide, voilà ce que tu étais ce jour-là. Et triplement stupide, voilà ce que je suis aujourd’hui.

Ce soir, sous les stroboscopes, la faux est réapparut. Sous les stroboscopes mon sang ne supporte plus, ce trop plein de voyages, ce trop plein de sourire. Ce trop plein d’amour pour Marie-Jeanne ; pour cette poudre blanche ; pour ces mini fioles de liquide. Sous les stroboscopes, une nouvelle vie me fait signe. Sous les stroboscopes, le corps de Juliette part en vrille. Sous les stroboscopes je me sens comme Nancy³, le couteau de toi, mon Sid³, planté dans ma poitrine.

Ce soir, sous les stroboscopes, Lucifer est là à m’accueillir dans notre paradis.

Sous les stroboscopes - Little Mélodie


1 : Marie-Jeanne : Nom commun donné à la marijuana.
2 : Cachés d'extasis ou d'acide, ressemblant à des bonbons en forme de smileys.
3 : Nancy and Sid Vicious, l'histoire d'amour la plus tragique de l'histoire du Punk, le film est à voir de toute urgence.

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